mercredi 23 mai 2012

Deuil

La dernière fois que j'ai vu mon père, je lui ai dit "à bientôt", en espérant très fort qu'il n'y aurait pas de prochaine fois.
3 jours avant, je l'ai retrouvé sur un lit d'hôpital alors que je n'avais pas pu le voir depuis Noel. Il était si amaigri, si faible, si dépendant, il souffrait tellement, en permanence, physiquement comme mentalement, que je lui ai dit que s'il n'en pouvait plus, il pouvait arrêter de lutter.

Il m'a entendue, apparemment, puisqu'il est mort 10 jours plus tard, étonnant tous les médecins dont il déjouait les pronostics: selon eux, il pouvait durer encore des mois, voire même des années.

Je suis orpheline de père. Y'a pas d'âge pour se sentir orphelin.

Il me manque énormément. Je n'imaginais pas à quel point un père pouvait manquer, avant.
Et j'ai des regrets, beaucoup. De n'avoir pas compris avant qu'il était dépressif à cause de ses ennuis de santé, et d'avoir perdu tant de temps à si mal réagir.
J'aimerais tellement retourner en arrière, le revoir vivant, et profiter de lui dans de bonnes conditions... Je passerai le reste de ma vie à regretter amèrement mon attitude déplorable durant des années.

Des regrets, de la colère, de la honte, devant toute cette souffrance des derniers mois, morale et physique, que je n'ai pu empêcher; du chagrin.
Vivre avec ça et continuer, malgré tout.

[Texte de Margoton]