mercredi 11 juillet 2012

Périple en Italie pour recharger les batteries

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Textes croisés de notre court séjour en Italie: Partie de Mk
Celle de Margoton est ici

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Porte à porte, l'année écoulée fut très très dense, dans le négatif comme dans le positif.
Malgré des finances peu amènes, il était donc trop tentant de profiter  de la « grande semaine sans enfants », événement aussi rare qu'un tour de France sans dopage, pour tenter de décompresser en changeant d'air (hormis la grenouille, tous sont en séjour chez leurs grand-mères respectives) .

Allez hop !
On achète une tente (la T4 de Quetchua), on rameute le matos engrangé au fil du temps et éparpillé de la cave au garage, je fais une MAJ matérielle (la date limite du tuyau du camping gaz étant en 1996, no comment), et je grapille l'info sur le net (mode cyber routard : forum, google earth et viamichelin ON) histoire de pas partir à l'aveuglette.

Au départ, l'envie était de faire un périple à travers l'Italie du nord, du Val d'Aoste jusqu'au bord de l'Adriatique, côte slovène. Mais le projet, sous la poussée conjointe des maigres finances et des craintes nourries quand au confort de la grenouille qui aurait sans doute mal vécu des heures de routes successives, nous a amené à opter pour le camping stagnant : on se pose dans un coin façon camp de base, balades, repos, petites virées alentours et basta.

Les visites se succédant à la maison samedi soir, on a pas été fin prêts pour partir au petit matin le dimanche, tant pis, on finit de boucler les bagages et on prend la route à l'heure de la messe du foot (10h : téléfoot sur TF1, rite devenu aussi désuet et abandonné de la plupart de ses fidèles que le vrai).

Direction le Val d'Aoste, et plus particulièrement la vallée de Valsavarenche (prononcez valsavarènké) pour un camping au pied du Gran Paradiso, dans le parc national du même nom.

Bon, y a quand même 5 heures de routes, un pique-nique est prévu pour le repas du midi à la frontière italienne, au dessus de Bourg-Saint-Maurice, station de ski et de villégiatures estivales respirant le pognon et dégoulinante de superficialité.
Mais au dessus, au col du petit Saint Bernard, le paysage est somptueux et on a pu s'installer à une table de pique-nique au bord d'un petit lac florissant, un véritable plaisir.

Le passage en Italie a aussi été une révélation, un truc dont j'avais oublié l'importance : les italiens respectent leur patrimoine.
C'est sans appel, la France est un pays de porcs qui sous couvert de « progrès », d'aménagement du territoire et de création de richesse massacre ses paysages, tue sa terre et assassine son histoire.

Quel plaisir de découvrir, virage après virage, pont après pont, cette superbe vallée d'Aoste parsemée de villages plus beaux les uns que les autres !
Ici, pas de maison en kit pour apprentis parvenus pétant au dessus de leurs culs, pas de ferme intensive affichant son dédain de la terre et du paysage par ses empilements de parpaings nus et de tôles, pas de panneaux publicitaires tous les 20m pour nous faire croire que le bonheur est devant la caissière, pas de murets en pierre d'usine ou de lampadaires kitsch pour se donner des airs, pas de massifs artificiels dopés d'eau et de chimie jetant des regards méprisants sur ce qui est naturel.
Rien que du vrai, ou presque.
Le seul véritable fléau ce sont les motards qui visiblement affectionnent ces lacets et la résonance des vallées encaissées. Bruyants.
Pour le reste, on se régale au fil des kilomètres jusqu'au camping.
Déballage, montage de tente, RAS, on s'installe et on découvre le site, notamment un spectaculaire torrent dévalant le Gran Paradiso pour atterrir au camping et se jeter dans le Savara.
C'est vraiment un régal de se retrouver là, en cellule familiale restreinte.
On savoure.

On va moins savourer le soir...
Le soleil disparaît, de suite la fraîcheur fait son apparition, on sort nos petites laines. Las. Après la fraîcheur vient le froid, on est passé de 27° en journée à... 6° pendant la nuit !
Et pas de grosses laines. On s'attendait pas à de tels écarts de températures, pourtant j'avais pris soin de suivre la météo sur le net. Sauf que la météo de Valsarenche reprend en fait par défaut celle d'Aoste, ce que j'avais pas vu.
Or Aoste est située à un peu moins de 600m d'altitude, quand le camping est lui à plus de 1800m.
Ouch.
Choc climatique.
La première nuit fut rude, glaciale, pas des plus agréable, surtout quand on se réveille en pleine nuit et qu'on constate que notre grenouille est glacée. On s'est vite tassé tout les trois, avec elle au milieu.
La seconde nuit se passera mieux, ayant tous bien pris soin de suivre la mode vestimentaire des esquimaux au lit: habillés et couverts jusqu'aux oreilles !
Mais il n'y en aura pas d'autre, de nuit glaciale, la mécanique automobile n'ayant visiblement pas apprécié non plus ce virulent coup de froid. Batterie HS, assistance, remorquage, un bras, récupération du véhicule, et donc ajournement du séjour.
Les finances étaient pas au beau fixe, ce coup de grâce a achevé notre périple italien.
Mais bon, pour pas partir sur une déception – relative, car de toutes façons nous ne serions pas restés tant on avait froid la nuit – et en plus de se jurer de revenir afin de faire les somptueuses randonnées promises (et aperçues) de ce magnifique endroit, nous avons décidé de faire le retour en faisant un assez large crochet par Turin, après avoir visité les très beaux vestiges de la ville d'Aoste.
Encore une fois, on s'émerveille de cette vallée d'Aoste, cette fois plus particulièrement sur ses châteaux magnifiques qui dominent le moindre coude de la Dorea Baltea, rivière née sur le Mont Blanc et qui traverse la vallée pour ce jeter dans Pô. Ils sont coude à coude, on les imagine se rassurant les uns les autres en s'apercevant derrière leurs créneaux, une proximité qui devait sans doute aussi à une volonté stratégique de communication.
Quoiqu'il en soit, ils rendent le parcours vraiment plaisant et nous finissons par sortir de la vallée, débouchant sur un Piémont tout aussi plat que le Val est accidenté.
Et c'est en fin de journée que nous arrivons à Turin, pile pour l'heure du repas et ça tombe bien, on tenait à manger une pizza avant de quitter l'Italie quand même !
Et en effet on a pu se régaler d'une pizza qui valait véritablement le détour, mon choix se portant sur une « pizzas-surprise » puisqu'on ne parvenait pas à traduire les différents ingrédients. Mais ça m'a semblé très intéressant de déguster des mots avant d'apprendre à les manier (on a décidé de se (re)mettre à l'italien).
Le tout accompagné d'un calice de vin, l'équivalent du ¼ de rouge en France en quantité, mais, surprise encore, qui à l'inverse de celui-ci a une fonction autre que de dissoudre les aliments, celle de flatter le palais !
Mais la plus belle surprise est venue de la ville elle-même.
Je m'attendais à une ville industrieuse, grise, sans véritablement d'âme, engoncée dans ses usines Fiat et leur constellation de sous-traitants étalés à perte de vue au milieu de tristes quartiers ouvriers désoeuvrés.
Et nous découvrons une ville, une fois de plus, au patrimoine magnifiquement préservé.
Une cité majestueuse sur ses grandes places, intimiste sur ses petites nichées, au jugé, au bout de rues parfois larges et pavoisées de drapeaux, parfois étroites et pavoisées de linges, souvent sinueuses, toujours accueillantes et invitant à flâner entre ses murs affichant fièrement leur enracinement, mais sans pavoiser.
Une ville respirant une richesse sobre et l'amour de son histoire, accrochée à ses vieilles pierres et sa culture comme les italiens à leurs surprenants triporteurs à moteur.
Et c'est à regret que, très tardivement, nous avons quitté la douceur de la nuit turinoise pour reprendre la route du retour.

On reviendra !

[Mk]

2 commentaires:

  1. Ah mais si vous avez une tente c'set super cool, nous aussi! :D Une à Pierrelatte et une d'ici qu'on compte bien ramener. Si cette salade ne vous a pas définitivement vaccinés contre le camping, on pourra vous proposer des sorties camping au retour, les mômes adorent! Moi je me gèle systématiquement les fesses, alors je compatis à vos deux nuits de crotte :/

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  2. Volontiers pour le camping communautaire!
    Juste faudra viser des zones où il fait pas froid la nuit, ou s'équiper correctemet
    ;)

    mais vous rentrez quand au juste, septembre 2013, c'est ça?

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